témoignage d’un salarié : « Ils se doivent de valoriser nos compétences. »
<< Cette grève au Royal Monceau a été un dur combat pour les grévistes. Il a fallu plus de 35 jours pour enfin obtenir des négociations sérieuses entre la direction, les représentants syndicaux et le médiateur.
Cela a été un lourd combat car nous n’étions pas pris au sérieux tout au long de la grève, malgré nos actions : tracts, cartons informatifs, slogans, musique… Et ce dans le hall d’entrée de l’hôtel, tout près de ses deux restaurants étoilés Plutôt que d’écouter nos revendications, la direction a tout fait pour pourrir la situation. Jusqu’à modifier, par un tour de passe-passe administratif, nos fiches de paye d’octobre afin que les grévistes soient payés 0€, au lieu d’un demi-salaire environ !
Ils ont voulu nous faire craquer. Et ça n’a pas fonctionné. Nous avons pu dénoncer nos conditions de travail, nos salaires très bas, notamment auprès des passants, clients, employés formatés et journalistes. Beaucoup nous ont soutenus moralement et financièrement. Nous sommes allés manifester en face du Peninsula (également propriété d’un fond qatari) puis devant l’ambassade du Qatar en passant sur les Champs-Élysées, trois fois.
Après 5 semaines de grève, les salariés, les représentants syndicaux (CGT) et la direction ont trouvé un accord. Nous avons obtenu des augmentations de salaires, une prise en charge à 60% de la mutuelle, le paiement de la prime d’intéressement à part égale entre cadres et employés (chose rare), des primes annuelles pour les équipiers, ainsi que la création d’une commission vérifiant que les salariés grévistes ne subissaient ni répression ni discrimination. Ainsi le retour au travail a pu se faire en douceur. Le regard des clients a changé.
A travers cette bataille, nous, vitrine du service haut de gamme à la française, avons envoyé un message à tous les acteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Au sein d’un établissement fonctionnant bien, où la crise n’existe pas, où les marges dépassent l’entendement, où l’excellence de service est une norme, où les employés ont une expérience significative, un savoir faire et un savoir être recherché ; le responsable d’un tel établissement a lui aussi le devoir d’excellence et non de médiocrité. Il se doit d’écouter, d’améliorer et de respecter les piliers de son entreprise.
Il lui incombe de valoriser nos compétences car nous sommes la vitrine du service haut de gamme à la Française.Un salaire de Palace ne peut pas être le SMIC. D’autant qu’aux clients sont facturées des chambres et suites entre 750 et 22500 euros la nuit. Et un expresso à 10 euros.
Un employé du Royal-Monceau
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